9 Octobre 2023
L'entrée 18 bis Grande rue Saint-Michel est constituée d'un fortin en briques rouges dit « Castelet ›› avec ses 2 tours crènelées. Juste derrière une cour d'honneur dite cour des fusillés, puis I ‘architecture de la prison elle-même, une rotonde sur laquelle s'articulent 5 branches en étoile sur 3 niveaux. Définitivement fermée en 2009. Seul le Castelet a été inscrit au titre des monuments historiques le 25 septembre 2011.
L'accès à l'intérieur est rigoureusement règlementé, les surveillants ont tout pouvoir sur les déplacements : vérification d'identité, passage sous les portiques de sécurité. Souvent un gardien accompagne entre deux portes verrouillées le long d'un couloir. Un escalier extérieur permet d'accéder à l'infirmerie située au 1er étage. Structure classique, une grande pièce dotée de plans de travail carrelés dans laquelle sont préparés les médicaments destinés aux détenus. Dans les années 90, je suis responsable de la biologie, chaque semaine je me rends personnellement dans cette structure afin d'effectuer les prises de sang pour le suivi des bilans de santé des détenus ou pour des dépistages. Un espace m'est réservé où je peux installer mon matériel. Les détenus arrivent un par un avec un surveillant dans la pièce.
Le gardien reste près de lui. Très peu d'échanges avec les détenus, seulement vérification de l'identité. Moments stressants surtout les premières fois. Déjà de nombreux sont toxicomanes et l'arrivée en maison d'arrêt avec le sevrage pose des problèmes par rapport à leur agressivité et même leur violence, à la difficulté à effectuer des prises de sang sur des veines très abimées par les injections de drogues, problèmes aussi des infections bactériennes.
Toujours une ou deux infirmières sont présentes et ce n'est qu'une vision atténuée de la vie carcérale que l'on peut avoir. Parfois si un détenu est malade ou trop faible pour se déplacer (en cas de grève de la faim), les prélèvements s'effectuent dans la cellule elle-même. Un gardien m'accompagne, vision difficile, insalubrité. Plusieurs détenus dans un espace d'à peu près 10 m2 avec couchages superposés, toilettes, lavabos, ustensiles de cuisine, souvent très forte agressivité
Les conditions de détention sont très pénibles et la prise en compte de la vie des détenus faible.
Comment gérer les journées, cette promiscuité, due à la surpopulation carcérale, nécessité de supporter un codétenu rarement choisi : aucune isolation sonore, thermique, manque d'hygiène, enfermement 22h sur 24 (2 h de promenade quotidienne, 2 à 3 douches par semaine).
Il existe des possibilités de travail mais très peu nombreuses, travaux d'entretien des parties communes, à la cuisine, en atelier pour des petits travaux.
Possibilité de formation professionnelle (enseignement, mais demande une forte motivation), sport
Le rôle de la biologie est essentiel dans les années 90 du l'on voit l'émergence des maladies VIH, hépatites C, ... particulièrement nombreuses chez les détenus toxicomanes, homosexuels sans aucune prophylaxie : tuberculose, syphilis, hépatite B, nombreux problèmes psychiatriques dans les prisons aussi.
Françoise
Les Illustrations ci-dessus ont été publiées dans Capitole Infos - Hors Série Histoire - 2008 - Mairie de Toulouse