17 Mai 2022
Toulouse, ville taurine. Un héritage que l’on pourrait faire remonter à l’Antiquité romaine et à l’épisode du martyre de Saturnin en l’an 250.
A la Renaissance, en 1556, Juan de Bernuy, riche marchand pastelier, originaire de Castille, organise le premier évènement tauromachique à Toulouse dans la cour de son hôtel particulier (devenu le Lycée Fermat). Ce spectacle inspiré de ce qui se fait dans son pays natal est donné à l’occasion de la visite de son neveu. Juan de Bernuy, encorné par le taureau qu’il faisait combattre par ses dogues y trouve la mort. « Est-ce l’Espagne en toi qui pousse ainsi sa corne ?» dira bien plus tard Claude Nougaro, citation qui renvoie à l’image la plus répandue de l’hispanité : la tauromachie.
D’après Jean Coppolani, il y avait 746 espagnols à Toulouse en 1872 (« Toulouse au XXème siècle». Privat. 1962).
Il faudra attendre 1884 pour que soit organisée une première corrida dans une arène toulousaine à la Prairie des Filtres.
Une dizaine d’années plus tard, en 1895, des courses provençales sans mise à mort furent données dans des enceintes temporaires très inconfortables au BUSCA, « plaza » que les aficionados toulousains surnommèrent « la Cambuse ». Cette corrida fut tellement exécrable que le public furieux saccagea les gradins et l’on ferma la plaza. C’est alors que les adeptes de la fête se retrouvent derrière le Vicomte Colombettes de Caumont qui milite pour une corrida régulière et qui peut être considéré comme le pionnier de l’instauration de la corrida à Toulouse. Il crée la première Société Taurine « Les Aficionados toulousains » et convainc le maire Honoré Serres de rouvrir le lieu à l’été 1897. Une vraie corrida eut lieu et fut couronnée de succès ce qui permit de promouvoir la construction d’une nouvelle plaza en bois et couverte aux Amidonniers. Des corridas eurent lieu jusqu’en 1914. Après la guerre, en 1921de nouvelles arènes en maçonnerie furent construites mais mal gérées elles seront démolies en 1925.
La corrida à Toulouse eut ensuite ses heures de gloire aux arènes du Soleil d’Or de 1953 à 1976 où les plus grands noms de la tauromachie se produisirent.
Que reste-t-il de cette aspiration taurine à Toulouse ? Le lycée des Arènes, et la station du métro, mais peut être aussi la trace d’une attraction vers le monde hispanique, à travers un spectacle où se coudoyaient diverses strates sociales, esthètes, bourgeois et un large public populaire en quête d’émotions.
Jésus