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Que va devenir la prison Saint-Michel ? Un nouvel appel à idées lancé par l'Etat

Nous découvrons dans l'article de Guillaume Laurens dans Actu Toulouse du 22 juillet 2022, que l’État lance un Appel à Idées - Valorisation Du Site De La Prison Saint-Michel à Toulouse.

Après les échanges épistolaires d'octobre 2021, M. Moudenc nous avait confirmé dans son courrier du 29 avril 2022 que la ville ou la métropole n'achèterait pas le site de l'ex-prison St Michel car l’État et la région Occitanie n'avait pas voulu inscrire la Cité de la musique dans le contrat de plan État-Région 2021/2027. Sans projet de la part de Toulouse métropole, le site à l'abandon au cœur de Toulouse, devenait une friche de l’État qui risque de se dégrader fortement dans les prochaines années.

L’État veut « stimuler les imaginations »

Officiellement, cet appel à idées vise à « trouver la meilleure affectation pour cet ensemble immobilier, dans le respect de l’architecture et de l’histoire » du lieu, explique la préfecture de Haute-Garonne. Elle dit vouloir « stimuler les imaginations et les propositions » pour le devenir de ce gigantesque lieu, et ses cinq vastes bâtiments en étoile, situés face à la station de métro Saint-Michel Marcel-Langer.

C’est quoi, cet appel à idées ?

La préfecture précise que « l’appel à idées est ouvert à tout opérateur, quel que soit son statut : associatif ou professionnel ».

"Cet appel à idées est une procédure innovante. Ce n’est ni une procédure officielle de vente, ni un concours. Il s’agit plutôt d’une démarche préalable à la procédure de vente, permettant à l’État de faire connaître son intention de céder ces biens".

La préfecture de la Haute-Garonne

Le projet devra intégrer « une vocation culturelle et artistique », mais aussi « tenir compte du Castelet » de la prison, qui a déjà fait l’objet d’une réhabilitation en devenant en 2020 un lieu de mémoire, consacré l’histoire du site, de ses origines à sa désaffectation en 2010 précise encore l’État, qui promeut « une mixité du site avec des potentialités de logements, de commerces autour de la culture, etc ».

Quid de la Cité de la Musique chère à la Métropole ?

Pourquoi lancer une telle démarche, alors que Toulouse Métropole envisage, en concertation avec le Comité de quartier Saint-Michel, la création d’une Cité de la Musique sur le site de cette ex-prison désaffectée en 2010 ? Est-ce à dire que l’État cherche un autre projet que la Cité de la Musique, ou que le Capitole souhaite changer de partition ? La préfecture rappelle que l’étude de la collectivité « a été jointe à l’appel à idées ». 

Une « journée de visite, de présentation et d’échanges » est prévue par les services de l’État pour « les opérateurs » qui souhaiteraient « demander les éclaircissements et compléments nécessaires à l’élaboration de leur proposition ».

Que comptait y faire Jean-Luc Moudenc ?

Devenu un vieux serpent de mer, le projet de Cité de la Musique figurait en bonne place dans le programme du candidat Moudenc aux Municipales de 2014, puis de 2020, alors que son rival Antoine Maurice y voyait plutôt une « Cité des imaginations ». Pour « valoriser » le site, la mairie de Toulouse s’était engagée à concevoir « une Cité de la Musique avec un nouvel auditorium de 2 000 places pour notre Orchestre (celui du Capitole, ndlr), mais aussi des lieux de vie et de convivialité autour de la pratique professionnelle et amateur ».

Il avait d’abord été confirmé à l’été 2020, avant de faire partie des grands projets renvoyés à plus tard en décembre 2020 par le maire, face aux pertes économiques liées à la crise du Covid-19.

Le prix de vente réactualisé ?

Propriétaire de l’ex-prison, l’État a fait part de son intention de vendre le bâtiment dès 2011.  D’abord fixé à 11,2 millions d’euros, le prix de vente a fondu à 5,5 millions en 2019, suite à des discussions avec la Ville de Toulouse et les riverains. Les parties s’étaient accordées sur ce nouveau prix, qui se basait sur le choix d’un projet spécifique comprenant la création d’un auditorium, mais aussi de logements. La Métropole envisageait de démolir l’une des cinq branches de « l’étoile » à l’arrière de l’ex-prison, d’en réhabiliter deux autres, et d’ériger deux bâtiments de six étages prolongeant ces deux ailes.

Désormais, l’État fait valoir que cette évaluation financière « devra être actualisée en considération des projets » qui sortiront de cet appel à idées : « Tout projet développant une surface de plancher supérieure au projet concerté en 2019, notamment à vocation d’habitat, économique ou de commerce, viendra surenchérir la valeur foncière du site ».

Une vente décidément très compliquée

À ce jour, le site n’a toujours pas été vendu à Toulouse Métropole, toujours échaudée par le montant que représente l’investissement dans sa globalité (le rachat des murs à l’État, puis la réhabilitation du site et la création de la Cité de la Musique, NDLR). En août 2020, Jean-Luc Moudenc estimait que ce projet était trop lourd financièrement pour la Métropole. Il ne souhaitait pas positionner la collectivité sur l’achat du foncier et du bâtiment sans avoir, au préalable, bouclé un tour de table pour le projet culturel. Et il se disait « opposé à l’idée de le compromettre », malgré la crise sanitaire, mais ouvrait la voie à un étalement du « calendrier de réalisation ». Pour le financer, le maire appelait « à un partenariat très large avec les collectivités et, pourquoi pas, un partenaire privé ».

Que cherche l’État avec cet appel à idées ?

Qu’attend réellement l’État de cet appel à idées ? Cherche-t-il simplement un projet complémentaire de l’auditorium ? Et verra-t-on un jour la création de la dite Cité de la Musique en lieu et place de la prison Saint-Michel à Toulouse ? À moins qu’un projet d’une tout autre nature ne sorte finalement du bois ?

Interrogée par Actu Toulouse, la préfecture insiste : « L’appel à idées n’exclut pas l’étude qu’avait fait Toulouse Métropole en vue de la création d’une cité de la musique », mais il « vise à faire émerger un maximum de propositions pour la reconversion totale ou partielle du site afin de le valoriser au mieux ». Les idées qui seront formulées ont « vocation à intégrer une dimension culturelle et artistique prioritairement autour de la musique », appuie l’État, qui n’a pas souhaité s’étaler davantage sur le sujet.

« Nous maintenons notre projet », soutient Francis Grass

« Nous maintenons notre projet », assure de son côté l’adjoint à la culture Francis Grass, également en charge de l’Orchestre national du Capitole à la Métropole. « Mais nous ne sommes pas propriétaires du site, et l’État est légitime à lancer une telle procédure ». L’élu fait remarquer :

"L'État a joint au dossier notre étude et ses attendus dans leur intégralité, y compris les éléments de concertation avec le quartier. Aucun candidat pourra dire qu'il n'en a pas été informé".

Francis Grass, Adjoint au Maire de Toulouse à la culture, et élu à la Métropole en charge de l'ONCT

Sur le fond du dossier, Francis Grass observe l’initiative de l’État avec une certaine bienveillance : « Cela peut faire avancer les choses, et c’est une bonne chose, car on ne sera pas en capacité de financer tout seuls ce projet, et de tout réhabiliter seuls. Or, ce site a un gros potentiel ».

Un projet complémentaire à celui de la Métropole ?

Mais l’État cherche-t-il une solution complémentaire pour la partie que la Métropole n’envisage pas d’exploiter, ou plutôt un plan B sur la totalité du projet ? « Les branches du fond doivent être dédiées à l’auditorium et l’administration de l’ONCT, mais les deux branches situées à l’avant n’ont pas à ce stade de destination précise, si ce n’est que notre étude prévoyait, avec le quartier, des hypothèses de logement », observe l’élu.

"C'est l'État qui a la main. Mais ce que je comprends à la lecture de cet appel à idées, c'est que le propriétaire espère recevoir de nouvelles propositions complémentaires, qu'il examinera en concertation avec la Métropole. Car il ne peut pas décider quoi que ce soit sans nous avoir demandé notre avis, ne serait-ce que pour l'instruction des permis de construire".

Sur la forme, cet appel à idées n’est donc pas une procédure officielle. Mais si l’État retient un projet, cela fera ensuite l’objet d’un appel d’offres, avec un nouveau cahier des charges à la clé.

Alors, qui répondra à ce drôle d’appel ? Si des associations auront sans doute des perspectives à soumettre pour l’exploitation du site, des entreprises vont-elles aussi partager leurs idées, au risque de les mettre à profit de leurs concurrents dans l’hypothèse d’un futur appel d’offres ? Affaire à suivre.

Infos pratiques :
Les projets devront être transmis au plus tard le 30 septembre 2022 à la Direction régionale des Finances publiques d’Occitanie et du département de la Haute‑Garonne – Pôle de gestion domaniale d’Occitanie, 15 place Occitane, 31 039 Toulouse Cedex 9, ou par mail en cliquant ici.
Pour en savoir davantage, le cahier des charges de l’appel à idées est à consulter ici.

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