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Réaménager son quartier, c'est regarder en même temps aujourd'hui et demain

Toucher à un quartier, c'est faire en sorte de le rendre plus agréable et plus fonctionnel aujourd'hui tout en envisageant  ce qu'il pourrait devenir.

Pour nos quartiers, le projet du moment c'est l'aménagement de la Grande rue St Michel. Hier c'était la place du Busca, et demain ce sera le Rond-point des Français Libres et les allées Frédéric Mistral.
Le projet de la Grande rue St Michel est ambitieux et bienvenu
Bienvenu car il y a fort longtemps que des travaux tant en surface qu'en profondeur n'ont pas été effectués dans cette rue très minérale et l'état des réseaux se détériore doucement, comme on a pu le constater fin 2021 une canalisation d'eau potable ayant explosé devant l'école Pierre Dupont.
Ambitieux car il représente un investissement financier conséquent qui doit lui donner son caractère pour le demi-siècle à venir.

On peut distinguer deux grandes catégories d'aménagements :

1- Ceux qui vont perdurer dans leur forme pendant 40 ou 50 ans.

Dans cette catégorie, se trouvent les plantations d'arbres en pleine terre, les grands  réseaux enterrés (eau, gaz, électricité, assainissement, communications), l'éclairage public, les dispositifs enterrés (poubelles, containers verre ou papier), les fils d'eau et les niveaux des trottoirs qui longent les façades.
Ce sont des aménagements onéreux nécessitant de gros travaux qui doivent être pensés et réalisés pour perdurer sur un temps long.

2- Ceux qui vont évoluer probablement plusieurs fois dans le demi-siècle à venir, pour s'adapter aux contraintes et à l'évolution de la vie du quartier et de la ville.

On trouvera ici  tous les aménagements qui sont susceptibles de changer tous les 5, 10 ou 15 ans, comme le mobilier urbain, la publicité, les terrasses de cafés , la signalisation, la signalétique et aussi les sens et les modes de circulation.

Partager avec les habitants une vision d'avenir

Cette classification des aménagements en deux grandes catégories doit d'abord être partagée.
Par exemple si on admet que l'on ignore comment circuleront précisément les bus dans 10 ans et à quoi ressembleront les futurs bus, il paraît peu opportun de sacraliser des arrêts en construisant des quais en granit qui seront très chers à déplacer à supprimer ou à modifier.Mieux vaudront des quais amovibles, faciles à poser.
Pour apaiser les débats avec la population, il est indispensable qu'elle soit informée du caractère pérenne ou non d'un aménagement.
Par exemple la réduction ou l'ajout de quelques stationnements ne doit pas être synonyme trottoirs à casser ou de travaux lourds comme la reprise des fils d'eau de pluie.
De ce fait une certaine sérénité devrait s'établir dans les échanges et les arbitrages relatifs à la circulation, et ce tant pour les services que pour le public, chacun ayant intégré que la vérité d'aujourd'hui n'est pas celle de demain, et que les choix du moment pourront être ajustés par la suite et « à moindre frais »

L'idéal serait donc de  pouvoir s'accorder sur un projet qui fait envie

Trottoirs élargis, plantations de qualité, apaisement des usages, intégration des principes d'accessibilité, matériaux qualitatifs puisque voués à un temps long , tout cela est souhaitable mais avec une conception qui autorise, sans pénalités, l'erreur ou l'évolution des usages.
Sur des bases aussi intransigeantes pour le long terme que souples sur le moyen et court terme, le projet devrait pouvoir s'établir dans ses détails avec une relative sérénité, chacun ayant intégré que ce qui « crispe » à savoir les déplacements, fait partie des sujets qui pourront s’adapter.

Les commerces et autres activités doivent être impliqués

Passé la période de chantier, un mal nécessaire, l'ensemble des commerces là, comme partout ailleurs, seront gagnants :

  • - Soit dans le cadre de leur activité proche de ce qu'elle est actuellement : il s’agit là des commerces qui ont une clientèle locale.
  • - Soit par une mutation pour les activités qui fonctionnent sur le transit avec des clients extérieurs au quartier. Ces mutations se font toujours sur des accords gagnant/gagnant, du fait même de la prise de valeur du fond induite par la requalification de l'espace public.

Cet engagement de la collectivité pour une telle requalification de l'espace public est aussi le moment privilégié pour « remettre dans les clous » tous les dispositifs non conformes aux règlements.
Le processus est rodé : dans le cadre d'une charte de qualité qui concerne enseignes, devantures de magasin, entretien des façades, terrasses des cafés … la collectivité  dans un premier temps accompagne (avec aides ou subventions la première année par exemple) puis contraint (au bout des 2 ou 3 ans de rappels) chacun à respecter les règles

C'est aussi un des moyens pour requalifier les commerces.

Le projet choisi pour la place du Busca s'était distingué des autres pour sa capacité à s'adapter aux évolutions des usages.
Demain le réaménagement du Rond-point des Français Libres et des allées Mistral attenantes devra intégrer ces temporalités, comme on peut l'espérer pour la Grande rue St Michel aujourd'hui.

Pierre

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