16 Juillet 2014
Le maire de Toulouse a rencontré hier la ministre de la Culture, Aurélie Filippetti, pour évoquer le sort de l'ex-prison qu'il veut transformer en cité de la musique.
Sur ce dossier-là, Jean-Luc Moudenc a reconnu lui-même qu'il avait changé d'approche et de méthodes. Alors qu'il avait envisagé un vote du conseil municipal pour entériner le rachat par la municipalité du site de l'ancienne prison Saint-Michel afin d'y installer un nouveau pôle artistique dédié à la musique, le nouveau maire de Toulouse s'est résolu «à discuter d'abord» avec toutes les parties concernées. Dans ce dossier complexe, qui traîne maintenant depuis de longues années, l'un des facteurs de blocage, sur fond de gros sous, est depuis longtemps identifié. Il s'agit de l'État en l'occurrence du ministère de la Justice, propriétaire des murs et du terrain qui ne veut pas lâcher son bien à moins de 11,5 millions d'euros. Mais l'indécision des politiques, qui n'ont jamais trop su que faire de l'endroit, n'a pas facilité les choses. Après les projets de Douste-Blazy, déjà axés sur la culture, il y a quelques semaines encore, il était question d'y installer l'école de commerce. C'était en tout cas la dernière idée de Pierre Cohen soutenue par Christine Taubira, la garde des Sceaux, en personne. Entre-temps, une élection est passée par là et Jean-Luc Moudenc est arrivé avec une autre option. Consistant notamment à construire sur les lieux un auditorium souterrain. «Pour une fois, il y a un projet clair et cohérent qui va nous permettre de convaincre les pouvoirs publics», a-t-il souligné lors de son bilan des 100 jours en annonçant une rencontre avec la ministre de la Culture. Un rendez-vous concrétisé, hier, rue de Valois, lors duquel le maire a présenté son projet pour la reconversion de la prison «Je veux un accord sur le fond», a-t-il expliqué. Mais rien n'a filtré de l'échange avec Aurélie Filippetti. À l'issue de cette rencontre, il a été simplement convenu qu'une «réunion technique entre les services de l'État et ceux de la Ville sera organisée à la fin du mois d'août». On ne sait s'il a été question d'argent, mais Jean-Luc Moudenc compte sur l'appui de la ministre, qui a décidé d'une mission sur la filière musicale pour revoir l'ensemble du dispositif d'aide au secteur. Assez pour convaincre Christine Taubira de lâcher le site de la prison pour le franc symbolique ? Le maire y croit. «L'État n'aurait pas, ainsi, à donner de subventions», suggère-t-il. Il en aurait même touché deux mots à la ministre de la Justice, croisée récemment à l'Assemblée nationale… Jean-Luc Moudenc met tout son poids dans la bataille. On en saura plus, bientôt, sur ces talents de lobbyiste et sur sa force de persuasion.
Pour donner enfin à l'orchestre du Capitole, l'écrin auquel il a droit, Jean-Luc Moudenc envisage de faire de l'ex-prison une cité de la musique avec la construction d'un auditorium souterrain, enfoui sous le bâtiment historique. Avec deux salles de 1 600 et 300 places. Mais une étude technique approfondie doit être lancée sur la faisabilité d'un projet, qui, compte tenu des financements, ne verrait pas le jour avant 2020 et… un second mandat. Pour l'heure, la cour d'honneur historique, et le castelet de la prison (classés) ont été cédés, fin 2013, à la ville par l'État, au terme d'une convention de 99 ans. À charge pour la municipalité de réaliser un espace mémoire et un équipement de quartier.
Millions > Euros. C'est le prix demandé par l'État pour la vente de l'ancienne prison Saint-Michel. Jean-Luc Moudenc a bon espoir de ramener le prix à 2 millions et imagine même un don qui reviendrait à une subvention de l'État…
Gilles-R. Souillés