3 Juillet 2024
L’établissement placé sous le patronage de Sainte Germaine en 1867 par le chanoine Barthier prenait la suite d’un centre qu’il avait fondé en 1845 sous le contrôle du Ministère de la Justice pour accueillir de jeunes délinquants des deux sexes (l'établissement est répertorié sur les plans sous le nom de Pénitencier à lire ici). Dès lors, il réunissait régulièrement les bienfaiteurs de son orphelinat autour d’une statue de Ste Germaine offerte par les ateliers Virebent.
Il avait pour projet de construire une chapelle en l’honneur de Sainte Germaine à l’approche de sa canonisation et avait à cet effet reconnu un terrain aux confins de la paroisse Saint-Exupère sur le domaine récemment morcelé du Château du Busca. Il faut savoir que le chanoine Barthier était également Supérieur de la Congrégation des Prêtres du Sacré-Cœur, communauté établie aux Récollets sur le site dénommé Le Calvaire. Et pour faire avancer à Rome le dossier de la bergère de Pibrac, il s'était fait nommer « postulateur » de la cause de Germaine Cousin. Elle fut béatifiée en 1854 et canonisée en 1867.
Le chantier fut ouvert en 1870, année peu favorable, avec des moyens modestes. Le projet du chanoine, bien que soutenu par l'Evêché, souffrait de la concurrence du projet de statue monumentale de Germaine porté par de très nombreux souscripteurs dont la réalisation fut accompagnée de graves désordres à Toulouse (œuvre de Falguiere et Pujol, édifiée place Saint Georges en 1875, déboulonnée en 1881 et reléguée dans les caves du Musée des Augustins).
C’est finalement une chapelle de dimension très modeste qui fut réalisée sur le territoire du château du Busca. Les travaux interrompus par la guerre ne reprirent qu’après plus d'un an au cœur du nouveau quartier qui se dessinait. Suivant le vœu du promoteur de la chapelle, les rues auraient porté des noms des prélats et des chefs de la chrétienté ayant à voir avec la canonisation de Germaine. Il n'en fut rien. Seul le nom Mgr Florian Desprez, à l’époque archevêque de Toulouse et futur cardinal fut officialisé.
L'ancienne Allée du Château, devenue Allée du Busca, aboutissait à cette rue Desprez qui conserve ce nom aujourd’hui. Le chanoine Barthier, fidèle à ses engagements, assura les offices à la chapelle Sainte Germaine jusqu’à sa mort en 1874. La chapelle fut alors délaissée avant d’être condamnée. En 1897, le Conseil Municipal souhaita prolonger l'Allée du Busca jusqu’à l’avenue Crampel, ce qui fut mis en œuvre en 1899. A la place de la chapelle fut dessinée la place aujourd’hui appelée Henry Russell. Là se trouvait en 1913 l’arrivée de la ligne de tramway CAPITOLE-BUSCA, marque de l’urbanisation achevée de ce secteur.
« Ligne 24 : par les rues ALSACE, OZENNE, MONTAUDRAN, AVENUE FRIZAC, tous les dix minutes » (cf. Plan LABOUCHE 1913).
Le projet de construction d'une véritable église sur le terrain du Busca conserva des partisans. C'est néanmoins dans le quartier Saint-Agne qu'elle fut finalement implantée, dans un secteur comptant déjà plusieurs milliers d'habitants. l’initiative en revient à l'abbé Gaussail, curé de Saint-Exupère dont l’église était déjà très excentrée par rapport à la paroisse desservie et trop petite pour accueillir tous les fidèles.
Fort du soutien du Conseil de fabrique et dûment autorise par le Cardinal Desprez, l'Abbé Gaussail fit alors l’acquisition de deux maisons avec terrain attenant, sur l’allée Saint-Agne, (aujourd’hui avenue de l'URSS) à l’angle de la rue Saint Thomas d’Aquin. Il posait la première pierre de l’église le 29 novembre 1890 et début janvier les fondations étaient achevées. Le monument conçu par l’architecte Joseph Thillet, dans un style néo-gothique a la mode, fut rapidement édifié grâce à une importante participation des fidèles toulousains
Rien ne manquait pour l’inauguration, prévue le 15 juin 1893, jour de la fête de Sainte Germaine, à l’exception de la flèche qui devait couronner le beffroi. Comme on peut le constater cette flèche ne fut jamais réalisée. Pour en avoir une idée, il faut se rendre à Caraman où le même architecte a réalisé le même clocher quelques années plus tard, nous indique Paul Monnier.
Pierre Houdard