12 Mai 2019
D'après un article de Gabriel Bernet dans l'AUTA, la revue des Toulousains de Toulouse - Musée du Vieux Toulouse - octobre et novembre 1990. https://toulousainsdetoulouse.fr/
L’enclos Benech est l’un des 3 domaines qui bordaient la place du Busca. La maison dite des Ferrier ou maison Cannone est une des plus anciennes maisons du quartier du Busca. C’est une maison massive aux murs de brique rouge située à l'angle de la rue des 36 Ponts et de la rue Joly.
Selon le cadastre de 1550, ce domaine appartient à maître Guillaume Ferrier, conseiller du sénéchal de Toulouse. Il est limité par la grand'rue de Montaudran (rue Duméril), le « carreyrou tirant » à la rue du Sauzat (rue Joly), la dite rue du Sauzat (rue des 36 Ponts) et la rue qui va du Sauzat au grand chemin de Montaudran (Av. Frizac). Leur contenance est de 6 hectares et 33 ares de terre classée « bonne » mais il ne s'y trouve ni maison, ni jardin.
En 1571 une maison a été édifiée à l'angle des rues des Trente-Six Ponts et Joly, rebâtie ou modifiée vers 1650.
Pendant un siècle et demi environ, quatre Ferrier, Guillaume (1550), Martin (1571), Laurens, capitoul (1643) et Gabriel (1666), en ont gardé la possession.
Peu après 1680, Mathieu Bénech, le premier maître du moulin à poudre acquiert le domaine, à proximité de son moulin, pour obtenir le salpêtre dont il a besoin. Le poudrier fait de mauvaises affaires et, après sa mort, tout l'enclos est administré par Pierre Soubeiran, procureur au Parlement. Cette maison et le vaste terrain qui l'entoure conserveront cependant durant tout le XVIIIe siècle et même au XIXe, cette dénomination d'Enclos Bénech ou parfois Béneche
En 1739, Jean Pierre Darquier, père d'Antoine Darquier, astronome bien connu, achète l'enclos de Bénech. Sur les plans de Toulouse de cette époque figurent cet "Enclos Bénech" et les dessins de jardins à la Française géométriquement tracés, et conçus probablement par Antoine Darquier.
Apparemment ce domaine ne subit aucune modification pendant la période révolutionnaire. Sous l'Empire, il appartient encore à Antoine Darquier et à sa sœur jumelle Jeanne, épouse de Nicolas Joseph Marcassus, baron de Puymaurin. A la mort d'Antoine Darquier en 1802, Justine de Marcassus, leur fille, hérite du domaine.
En 1826, Justine de Marcassus vend le domaine à son neveu Aimé de Marcassus, comme son père, Directeur de la Monnaie royale des Médailles. Il comprend alors « un vaste logement pour le maître, une habitation séparée pour le jardinier, granges, écuries, orangerie, pigeonnier, grand jardin potager avec un puits à roue, parterres, allées, bosquets », l'ensemble formant un moulon « clôturé aux quatre aspects par un mur de brique et paroi de terre ». Une prairie couvrait plus de 2,6 hectares et trois parcelles de terre avaient une superficie de 3,93 hectares. Bien clôturé, ce domaine méritait bien son nom d'enclos.
Ce domaine a conservé, en 150 ans, toute son intégrité, avec une superficie de 7,17 ha un peu supérieure à celle de 1680.
L'immeuble a la forme d'un trapèze rectangle, dont l'angle entre les deux rues s'ouvre à 120 ⁰. La façade de la rue des 36 Ponts mesure 37 m de long et celle de la rue Joly seulement 10,8 m.
A la mort d’Aimé de Marcassus en 1840, la baronne de Puymaurin obtient l’Enclos en partage. Cet acte nous apprend qu'à cette époque, et depuis plusieurs années sans doute, l'Ecole des Sourds-muets était établie dans la maison des Marcassus; il y avait un logement pour le portier et, à côté, un atelier de menuiserie et un autre pour les forgerons. Ainsi les pensionnaires de l'abbé Chazottes, auquel la ville de Toulouse devait cette institution, avaient la possibilité de s'initier aux travaux du bois et du fer. Sur les plans de la ville de 1847 et 1848, on peut lire la mention « Sourds-muets » à côté de la grande maison de l'enclos des Marcassus
L'enclos de Bénech est sensiblement dans le même état que l'a laissé Gabriel de Ferrier à la fin du XVIIe siècle.
Sous le second Empire, la baronne de Puymaurin procède au morcellement. La rue Saint-Joseph qui le traverse est tracée vers 1855. La baronne sera amenée à créer, à ses frais, un chemin de servitude, le long duquel elle vendra des parcelles de terrain « propre à la construction ». Ce chemin en forme d'équerre sera la rue de Puymaurin.
En 1861, elle sélectionne les acquéreurs selon leurs métiers, prête sur 4 à 10 ans au taux de 5% . La baronne exige que non seulement la parcelle, mais encore les constructions qui y seront édifiées, figurent, comme garantie, dans les registres de la conservation des hypothèques. La surface des terrains va de 120 à 620 m². La longueur de la façade sur la rue est comprise entre 6 et 14 mètres et la profondeur entre 22 et 35 mètres
Le 22 mai 1863, la veuve d'Aimé Marcassus se décide à vendre la vaste maison du domaine de Bénech, autrefois occupée par l'Établissement des Sourds-muets, aux époux Barbe, qui la revendent un an après, à Étienne Lasserre avec néanmoins une plus value de 13 900 fr.
De 1878 à 1927, elle devient la propriété de la famille Canonne. La parcelle ne mesure plus que 1200 m².
Louis George, industriel et son épouse, achètent le terrain et la maison aux fils Canonne en décembre 1927.