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La Marianne Noire du Musée de la Résistance

Photo Aurélien Fereirra

Quelques heures après-midi
Nous sommes le 6 mars 1941 à Toulouse. Deux voitures noires s’arrêtent devant le numéro 5 de la rue de l'Orient. Plusieurs hommes en descendent, ouvrent en force les grilles ouvragées, défoncent les portes et pénètrent violemment dans les locaux.
Ces hommes sont des miliciens, ils viennent encore une fois saccager ce temple maçonnique.
Ce jour-là, ils feront comme d'habitude, une casse en règle. Ce jour-là, pourtant, une statue attire leur attention. Un buste de femme en pierre, coiffée d'un bonnet phrygien. Une provocation. Alors, ils s'excitent, l'un d'entre eux sort son pistolet et tire dans la poitrine de la statue avant de la renverser. Comme après un assassinat symbolique, ils la laisseront là sur le sol, dégradée.
C'est ainsi qu'à quelques détails près, la Marianne Noire, ou la Marianne du Musée, créa sa légende
Mais l'histoire continue. Le gardien des locaux, qui n'a pas encore été expulsé, prévient des résistants qui viennent récupérer la statue. Ils iront l'enterrer dans un jardin du Faubourg Bonnefoy, aujourd’hui « le jardin Michelet ».
Des traces laissent à penser qu'après son séjour en terre, elle restera exposée aux intempéries et oubliée.
Elle ne fera sa réapparition qu'en 1977 sur un document officiel faisant du Conseil Général de la Haute-Garonne son propriétaire.
Restaurée, elle est exposée au Musée de la Résistance sur l'allée des Demoiselles à Toulouse
Une Marianne hors du commun à l'auteur mystérieux
Une Marianne qui ne manque pas d'intriguer et de questionner au premier regard, les traits africains de son visage, sa tête coiffée du bonnet phrygien, sa poitrine et son socle décorés de multiples symboles maçonniques.
Cette œuvre a été commandée par les loges maçonniques en 1848, année de la proclamation de la 2ème République et de l'abolition de l'esclavage.
Aucune signature, aucun texte n'en précise la paternité.
Un faisceau d'indices converge vers le sculpteur Bernard Griffoul-Dorval, même si aucune preuve formelle n'a été à ce jour découverte.
Toutes les femmes libres peuvent incarner Marianne
Sans distinction de couleur, d'origine, Marianne doit exprimer la diversité.
C'est au Musée de la Résistance et de la Déportation de Toulouse que l'on peut admirer la première Marianne Noire.
Elle date de 1848.
MP
NB : cet article s'est largement inspiré de l'ouvrage « La Marianne du Musée » signé par Georges Bringuier, Jacqueline Fonvieille-Ferrasse, Daniel Chartagnac et Monique Biasi, paru aux éditions Loubatières.

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