30 Septembre 2018
Article publié dans Le Busca, notre quartier N°2 - automne 2018
Pendant près d’un siècle, la cour actuelle de la cantine de l’école élémentaire Jean Jaurès a raisonné des vocalisations et bruissements d’ailes des perruches ondulées des établissements Bastide Frères. Tout a commencé quand Philippe Bastide, fatigué de vendre de oiseaux sur les marchés du sud-ouest, résolut de s'établir définitivement à Toulouse en 1874.
En 1881, il achète un terrain au 12 avenue Frizac puis l’année suivante il acquiert les propriétés des 10, 13 et 19 avenue Frizac pour y bâtir de nouvelles volières. En 1894, il exploite de nouvelles volières sur un terrain traversant 14 rue St Luc/ 10 rue Georges Picot puis au 52 Victor Ségoffin. Ses fils Adrien puis Félix prennent la suite au début du XXème siècle.
La famille Bastide possède alors 4 établissements d'acclimatation, d'élevage et de reproduction de perruches ondulées au Busca, visibles en rouge sur la photo aérienne IGN de 1954. Les terrains et bâtiments de l’ « Institut ornithologique » appelé aussi jardin d’acclimatation, couvrent une superficie de plus d’un hectare.
Les volières colossales qui entourent les pelouses sont couronnées d'un treillage spécial, indispensable contre les oiseaux de proie, alléchés par le gazouillis de trente à soixante mille oiseaux.
L'élevage porte sur de petites perruches, ordinairement ondulées, habituellement vertes, par exception, jaunes. On les connaît en France sous le nom d' « inséparables » ; ces oiseaux naissent tous dans ces établissements qui ne sont pas même chauffés en hiver !
Pour accroitre le nombre des sujets teinte citron, il a fallu, pendant quinze années, sélectionner avec un soin minutieux les perruches jaunes.
Cette précieuse mutation ne se rencontre que dans la minime proportion de un à deux sur quatre mille. La perruche couleur topaze jaune est donc très rare et son prix est beaucoup plus élevé que celui de la verte, qui se vendait 25 francs en 1922. Les grains récoltés sur les bords du Danube, en Roumanie et le petit millet cultivé au Maroc coûtaient 200 francs les 100 kilos.
Les cargaisons, débarquées dans nos ports de mer, mettaient deux mois pour être déchargées gare Matabiau. Pour réduire les coûts de transport, Félix Bastide fait partie des administrateurs fondateurs de la « Compagnie générale de Navigation Fluviale Océan-méditerranée » créée en janvier 1911.
Ces oiseaux sont expédiés dans toute l’Europe, mais surtout en Angleterre, où les Misses, jeunes ou vieilles, en raffolent. Ce sont les meilleures clientes de la maison Bastide.
Les voyageurs ailés sont enfermés dans petites caisses munies d'un ingénieux grillage, permettant au prisonnier de se nourrir pendant un long trajet, en chemin de fer et en bateau.
Grâce à une intelligente sélection, les oiseaux nés à Toulouse, sont beaucoup plus robustes que ceux d'Australie, leur patrie d'origine.
C’est à cette vigueur peu commune et à leur prodigieuse aptitude à imiter la voix humaine qu'ils doivent leur renommée mondiale.
Les guerres de 1914-18 et 1939-45 ont failli faire, là aussi, d’innocentes victimes. Les grains n'arrivaient plus, ils subissaient le sort des navires torpillés.
L'élevage de perruches subit plusieurs épidémies particulière-ment graves. Celle de 1921 eut un résultat presque heureux, puisqu'elle permit de trouver des remèdes sauveurs et surtout le moyen d’éviter le renouvellement du fléau.
Dans les années 1920, René Bastide poursuit l'élevage et installe une nouvelle activité de pisciculture au lieu-dit Fonrose, 101 chemin du Mirail. Cette activité lui rapporta de nombreuses médailles dans les concours agricoles toulousains entre 1929 et 1939. L'exploitation s'étendait sur un vaste domaine du château du Mirail jusqu'à l'actuelle rocade. M. Bastide a été exproprié pour construire l'université du Miral actuelle Université jean jaurès. Il a poursuivi l'activité à l'Isle Jourdain dans le Gers mais les conditions climatiques étaient défavorables à l'élevage des perruches.
En 1954, il vend le 19 avenue Frizac à la ville de Toulouse, pour agrandir l'école Jean Jaurès. Dans les années 50, des immeubles ont remplacé les volières au 13 avenue Frizac et 1 rue Sainte Philomène, puis au début des années 60, entre la rue St Luc et Georges Picot.
CM
A la fin du 19ème siècle Philippe BASTIDE avait monté un atelier de greffage de vignes américaines pour remplacer les ceps français victimes du phylloxéra.
Cet atelier employait une centaine de personnes au 32 rue St Luc au Busca.
Félix BASTIDE était actionnaire de la « Compagnie générale de Navigation Fluviale Océan-méditerranée » créée en janvier 1911.