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Saint-Michel, un quartier qui devient central

Saint-Michel, un quartier qui devient central

La Dépêche du Midi Publié le 03/04/2012

Mon quartier à la loupe

Le faubourg populaire vivant autour de sa prison, vide aujourd'hui, ou de sa clinique, qui part, devient un morceau du centre à la recherche d'une nouvelle identité.

Longtemps, Saint-Michel fut ce faubourg hors la ville, à l'entrée marquée par la porte Narbonnaise, s'étalant au sud du château des comtes de Toulouse, devenu parlement puis palais de justice.

Les fouilles archéologiques effectuées place Lafourcade avant le creusement de la station de métro Palais de Justice ont révélé la présence d'un important cimetière médiéval. Au bord de l'ex- place extérieure Saint-Michel, à l'emplacement de l'actuelle gendarmerie, s'élevait l'église éponyme démolie à la Révolution (1 794). Les matériaux servirent à la construction d'une boulangerie municipale.

Port Garaud, rues des Menuisiers, des Bûchers ou des 36-Ponts évoquent des époques révolues : histoire fluviale au sud des remparts, passé artisanal ou patibulaire, présence de l'eau.

La construction d'une prison modèle dans la deuxième moitié du XIXe siècle enserrait le quartier dans son histoire judiciaire et pénitentiaire : à un bout le palais de justice et la gendarmerie, à l'autre la prison.

Les petites rues alentour et les balcons donnant sur la maison d'arrêt résonnent encore des « parloirs sauvages » où familles et détenus tentaient d'entrer en contact par-dessus les hautes murailles de brique.

Aux heures noires de l'Occupation, la prison entrait tragiquement dans l'Histoire en accueillant brièvement André Malraux ou, de manière plus ultime, Marcel Langer, qui eut la tête tranchée au lieu d'être fusillé comme les autres Résistants exécutés ici. Le procureur d'alors voulait ainsi punir, en raison de sa double appartenance à la Résistance et à la communauté juive, celui dont on a donné le nom à la station de métro Saint-Michel.

Aujourd'hui, la prison désaffectée est en quête d'avenir, « lieu de rencontre et d'échange » suggère Pierre Alzieu. « Nouvelle centralité », ajoute Jean-Marc Barès, élu municipal d'un quartier qui manque de repères. Mais pas de bars, cafés ni d'hôtels et restaurants, au nombre de 37 dans un secteur, peuplé d'étudiants, qui est aussi une fête. Et un havre de fonctionnaires, avec l'hôtel de région qui s'étale, l'Insee et le collège-lycée Berthelot.

Le chiffre : 9 952

habitants > dans le quartier. 16 % de 0 à 19 ans (Toulouse 21 %), 75 % de 20 à 65 ans (Toulouse 65 %, soit beaucoup d'étudiants), 9 % de + de 65 ans (Toulouse 13 %). Actifs de 15 à 64 ans : 83 % (Toulouse 85 %). Taux de chômage : 16,2 % (847 chômeurs)

« L'étoile à cinq branches de la prison est désormais protégée par le plan local d'urbanisme modifié de la Ville de Toulouse ».

Guillaume Drijard, président du comité de quartier.

Un centre méridional à l'ex-prison ?

Le site a déjà suscité l'intérêt de Sup de Co ou de l'école d'architecture (qui a opté finalement pour Mirail-Université). Un projet, présenté à la mairie et au comité de pilotage par Jean-François Laffont et Convergencia Occitana, propose de transformer l'ex-prison en centre international de la culture romane, occitane et méditerranéenne. Au programme : collège occitan, école de langues et espace muséographique regroupant certaines collections historiques du musée Paul-Dupuy et des expositions d'œuvres contemporaines, avec financements européens et régionaux. Le maire aurait été assez séduit, de même que le comité de pilotage. Mais la prison appartient toujours à l'état.

Philippe Emery

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