30 Mai 2020
L’été dernier avec un collègue naturaliste nous avons mené un petit inventaire de la flore sauvage du quartier du Busca rue par rue. Le but étant de faire un inventaire complet de la biodiversité végétale sauvage qui se développe sur les trottoirs, murs et toitures du quartier. Sauvage signifie que les plantes que nous répertorions n’ont pas été plantées et que leur présence a échappé à l’arrachage, au piétinement ou a une coupe sévère.
L’opération « Des fleurs sur mon mur » qui vise à découper des morceaux de bitume au pied des maisons et à y planter des espèces ornementales n’est donc pas concernée par cet inventaire même si elle bénéficie à la flore sauvage puisqu’elle ménage de nouveaux espaces. Par exemple le Datura, le Coquelicot et le Chénopode des murs profitent de cet accès au sol et à un arrosage régulier.
La principale propriété des plantes que nous allons rencontrer dans le quartier c’est de partager un caractère pionnier. L’accès au sol est difficile, la pollution (notamment un taux d’azote élevé du fait des besoins des chiens) le manque d’eau, le piétinement et l’ensoleillement important en période estivale sélectionne en effet une gamme d’espèces particulièrement tenaces telles que le Pourpier maraîcher qui étale sans problème ses tiges et feuilles épaisses sur les trottoirs au mois d’Août. De nombreuses espèces sont ainsi très communes sur tout le territoire comme le Séneçon commun et la Fumeterre officinale.
Si la plupart sont des espèces indigènes c'est-à-dire faisant partie de la flore de notre région, de nombreuses espèces exotiques se trouvent là soient échappées de nos jardins soit profitant de nos déplacements aux 4 coins du monde. Ainsi la Petite Sétaire et le Pavot de Californie sont des américaines.
figuier dans un platane de l'allée des demoiselles, épiphytisme généralement réservé aux milieux tropicaux.
Bien sûr la plupart des 80 espèces que nous allons rencontrer sont des herbes. Difficile pour des ligneux de s’implanter en étant continuellement coupés ou arrachés. Certains ont quand même cette capacité où se développent à l’abri derrière du mobilier urbain. Figuiers et Sureaux noirs sont ainsi fréquents sur les trottoirs, quelques uns se sont même bien développés, comme ce figuier dans un platane de l'allée des demoiselles, épiphytisme généralement réservé aux milieux tropicaux.
L’Althéa ou Hibiscus de Syrie est aussi bien présent, ce sont des graines échappées des jardins qui germent sur le trottoir.
Sur les vieux murs et toitures du quartier se développent plusieurs espèces de fougères, parfois inaccessibles à l’arrachage comme le Polypode commun et la Fougère langue-de-cerf, on y trouve aussi l’Orpin élevé qui résiste à la sécheresse grâce à ses tiges et feuilles charnues, pleines d’eau.
Boris Presseq